QUEL TYPE DE TOUJOURS JEUNE PÈRE ÊTES-VOUS ? (Partie II)

LES PÈRES D’AUJOURD’HUI, DES TYPES FICHTREMENT MODERNES !

Le Senior des Ados
Également désigné sous le vocable expressif de « Papa Copain ». Plus qu’un père, le Papa Copain entend être l’ami de ses enfants. Il aime le rap, le destroy metal, il insiste pour jouer (en tant que batteur) dans le groupe de son fils. Il parle comme les jeunes, usant d’expressions comme « truc de ouf », « trop pas » ou « je le kiffe grave »… Oui, vous avez raison, c’est très  pénible. Le Senior des Ados, c’est une consolation, finit immanquablement par être remis à sa place : la bassiste du groupe l’appelle « monsieur ».

Le Père Missionnaire
Fréquemment pris à tort pour un adepte de la position du même nom, ce qui nuit à sont image, le Père Missionnaire considère ses fonctions paternelles avec le plus grand sérieux. C’est ce qui le rend si gonflant. Appelé aussi « psychologue naturel », il veut à toute force parler aux ados, les comprendre, leur expliquer la vie, alors qu’il ne fait que les gaver grave… Un beau samedi matin, son local à la MJC reste désespérément vide, malgré le succulent quatre-quarts et les caisses de Fanta orange stockées en prévision d’une « après-midi jeunes ». Le vieux zigue a lassé son monde.

Le Père de Miches
Incorrigible cavaleur lancé dans trois aventures à la fois, embringué dans cinq familles recomposées, le misérable est victime de ses sens, de ses appétits sexuels débridés, c’est une bête, un porc lubrique, mais aussi une référence pour tous les autres hommes qui ne lui ménagent pas leurs encouragements. Le Père de Miches est appelé parfois le Père de Couilles – mais c’est vulgaire. Il est exceptionnel. Il est écœurant. Nous l’admirons beaucoup.

Le Père Péteux
Malgré le terme excessivement péjoratif qui le qualifie, le Père Péteux est un type formidable – bien que peut-être trop craintif. Il a peur de ses enfants. Il a peur de sa femme. Mais est-ce qu’il n’a pas quelques bonnes raisons pour ça, hein, tout de même ? Il sursaute si on lui adresse la parole et quand ses ados réussissent à le coincer, il finit invariablement par allonger un billet de 20 euros. On comprend qu’il ait les foies.

LES BONNES PÂTES, DE FOUTUS GROS NOUNOURS

Le Père Noël
Contrairement à ce qu’on a dit, le Père Noël n’est pas une ordure. C’est au contraire un type généreux qui couvre ses enfants de cadeaux et de douces attentions… Devant tant de bienveillance, malheureusement, le jeune se conduit en assisté. Il devient un poids pour la société et contribue à creuser les déficits qui ruinent notre malheureux pays, nous mettant ainsi à la merci de puissances étrangères hostiles comme le Zabraghistan ou la Kropotchie orientale. À la réflexion, le Père Noël est bien une ordure. Espèce de salaud !

Le Papounet Chéri
Il ne dit pas grand-chose, n’en fait pas beaucoup plus, mais son regard pétille de calme bonté derrière ses lunettes en demi-lune tandis qu’il lit son journal en mâchonnant le tuyau de son brûle-gueule. Sa seule présence réconforte, pareille à celle de l’armoire normande ou de la pendule franc-comtoise qui fait tic-tac. On lui tapote le crâne, on lui fait des mamours. Gros bisous, Papounet Chéri !

Le Père Mou
Nous avons croisé plus haut le Père Missionnaire ; le Père Mou (de conduire) adopte, lui, la position du Père Démissionnaire. Il est plein de bonne volonté, mais à l’évidence totalement inopérant. Pourtant, sa femme s’obstine à lui confier des missions éducatives, elle lui dit : « Tu vas parler aux enfants, Charles-Henri. » Il répond Oui, chérie », et c’est tout. Les choses en restent là. Et ça vaut peut-être mieux comme ça.

Le Père Siffleur
Caustique et détaché, il pose sur la vie en général et ses enfants en particulier un regard plein d’ironie et de bienveillance. Jamais à court d’un bon mot, toujours de bonne humeur, il a un secret. Tous les matins au réveil, il siffle un litre de rouge. C’est moche.

    Le retour du cas particulier du Toujours Jeune Père Recomposé

    En y réfléchissant deux minutes (et c’est notre damné job), nous remarquerons que
    le TJP de base – soit un type d’une cinquantaine d’années, même s’il ne les fait pas –

    est exclusivement un père d’ado. Déjà, c’est pas évident. Mais si le vieux gars a divorcé

    et s’est remarié, non seulement il aura des ados du premier mariage, mais en plus des enfants

   du second. Mince ! Et si le type se remarie une troisième fois ? Bingo ! Des ados, des enfants

   et un bébé. Voire, si la nouvelle épouse est elle-même divorcée, les ados du premier mariage,
    plus les ados de madame, plus les enfants, les bébés… et un clébard, aussi, tant qu’on y est !
    Bon, disons-le tout de suite, il y a plus simple. « Un sacré pétrin » est l’expression qui vient
    spontanément à l’esprit.

 

LES PÈRES CORIACES, DE SACRÉS CARACTÈRES !

Le Père de Claques

C’est le daron traditionnel. Il a la présence d’un Gabin et l’allonge d’un Ventura. Quand il se présente, le chien gémit et se cache sous un fauteuil, le canari interrompt son odieux babil, la blatte commune se cache dans une fissure du mur et les ados se tiennent tranquilles. Sinon, ça part, pif paf ! Enfin un peu d’ordre et de discipline dans ce monde où les jeunes tiennent le haut du pavé. Tiens, reprends une baffe, Kevin !

Le Père Indigne

Il apprend à ses enfants à faire la manche dans la rue, les envoie voler dans les magasins. Il ne se souvient pas de leur date d’anniversaire. Il joue l’argent du ménage au PMU, court la gueuse, déserte le foyer familial, rentre ivre à des heures pas possibles… Somme toute, c’est le Français moyen typique, assez sympa, mais qui pourrait tout de même faire un petit effort pour améliorer sa conduite. Merci d’avance, vieux !

Le Père Supérieur

Sauf s’il est dominicain ou jésuite, le Père Supérieur a de nombreux enfants qu’il écrase de sa réussite sociale. Parfois artiste, chanteur, acteur, il peut être aussi un scientifique de grand renom, savant atomiste ou astrophysicien, le genre de mec qu’on appelle en pleine nuit pour qu’il vienne dévier de la trajectoire terrestre un astéroïde fou ou un truc comme ça… Dans son ombre immense, ses ados flétrissent et rabougrissent. Ils ne se voient aucun avenir. La plupart du temps, ils deviennent animateurs à la télé.

Le Père Roquet

Débordé par ses ados, il leur jappe aux mollets, les poursuit de ses perpétuelles remontrances et de sa mauvaise humeur… Le Père Roquet a le plus grand mal à asseoir son autorité – et, pour peu qu’il souffre d’hémorroïdes, le plus grand mal à s’asseoir tout court. Tout cela est très douloureux.

Qu’il nous soit permis, pour conclure ce billet, de rendre hommage aux Pères de la Constitution, ces tutélaires figures de légende qui sont comme autant de modèles pour tous les pères du monde… Le Père Iscope bien sûr, à qui rien n’échappe. Le Père Dodu, souriante préfiguration de l’obèse moderne. Le Père François, incontournable, bien que son célèbre coup soit un peu assommant. Le Père Manganate de Potasse, chimiste obscur mais magnifique. Le Père Goriot, trop souvent confondu avec son beau-frère le Compère Loriot. Le Très Saint-Père, enfin, dont on nous dit qu’il est unique en son genre à tort, ami Toujours Jeune Père !

Car en vérité, pour endurer avec le sourire tout ce que nous endurons quotidiennement, n’ayons pas peur de l’affirmer : Nous sommes tous des très saints pères !